Atelier autour du langage avec Marwan Moujaes et Maha Yammine
Samedi 9 avril, de 14h30 à 16h30
Comment raconter un épisode de l’histoire mondiale sans parler ou écrire ? Comment rendre illisible, durant une semaine, un journal ?
A quoi ressembleraient nos objets les plus innocents, nos paquets de riz ou nos vêtements, sans les mots, les notices ou les slogans qui les couvrent ?
Comment chanter nos chansons préférées sans les paroles ?
Samedi 9 avril, Marwan Moujaes et Maha Yammine proposent à L’Académie un atelier de pratique artistique autour de la thématique du langage, son omniprésence, sa compréhension et le rapport que nous entretenons avec lui.
Gratuit, sur inscription, pour les enfants de 11 à 15 ans.
publics@le-shed.com / 06 51 65 41 76
Marwan Moujaes, 42,3°, tirage radiographique, 2020
Crédits : Marc Domage
Crédits : Marc Domage
Marwan Moujaes, 42,3°, tirage radiographique, 2020
Crédits : Marc Domage
Crédits : Marc Domage
Crédits : Marc Domage
Crédits : Marc Domage
UN HOMME
SANS HISTOIRES
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MARWAN MOUJAES
Commissariat : Julie Faitot, curatrice associée 2022-2023
Exposition
au SHED - site de l'Académie
96, rue des Martyrs de la Résistance à Maromme
Du 27 novembre 2022 au 15 janvier 2023
Entrée libre tous les jours de 14h à 18h et sur demande
42,3° est l’angle moyen d’inclinaison de la tête d’un être soumis à une humiliation publique. Cette donnée statistique, établie par Marwan Moujaes à partir de vues collectées dans les médias (Internet, journaux, télévision, œuvres d’art, …), l’artiste choisit de l’interpréter dans un autoportrait radiographié (42,3°, 2020, tirage radiographique, 55 x 43 cm).
C’est de ce point de vue plongeant, dépossédé de son horizon, qu’il peint depuis 2020 de grands paysages presque monochromes où des figures d’animaux domestiques composent des saynètes « hyper-surréalistes » : veaux, vaches, moutons, chevaux ou volailles sont parfaitement représentés, de même que les éléments du décor (arbres, branches, mobilier, rideau, surfaces miroitantes, …) ; l’orientation de la lumière portée sur le sujet l’ancre dans le tableau ; le choix de peindre à l’huile confère une forme de dignité anachronique à ces scènes, anecdotiques si elles n’étaient pas tellement bizarres. Car, ça n’a manifestement pas de sens : on a jamais vu des animaux se comporter ainsi. D’une façon – disons, gratuite.
Quand on l’interroge, Marwan lui-même ne s’explique pas vraiment ces images qui l’ont saisi et qu’il peint : avec lui, on parle d’histoires pour enfants (Les Trois petits cochons, Les Musiciens de Brême) ou de fables – détour usuel d’une critique politique ou sociale autrement inacceptable. Mais il serait faux de voir dans ces tableaux de simples métaphores de situations humaines : Marwan aime les animaux et s’intéresse sincèrement à leur point de vue. Je me souviens que, lors de notre première rencontre (…), il me raconte comment les animaux ont inventé le paysage, se rendant sur un sommet caillouteux aux seules fins (il ne pouvait y en avoir d’autres) de contempler l’horizon.
D’ailleurs, la figure animale habitant le paysage est récurrente dans son travail : dans Comptez les moutons (2018, vidéo, boucle) un troupeau pait au bord des eaux bleu turquoise de la Litani ; la montagne qui surplombe la rivière vibre dans la chaleur tandis qu’une berceuse égrène ses notes cristallines. Comme les insomnies, la petite musique devient agaçante, doucereuse virant à l’aigre. Ainsi de ce paysage biblique du Sud-Liban dont la « frontière » est si tragiquement disputée depuis plus de 40 ans : innocents c’est-à-dire incapables de faire le mal dont ils n’ont pas connaissance ni conscience, les moutons transgressent la "Blue Line".
Julie Faitot