HERMINE BOUVIER
travaille dans la Project Room
Programme « Une chambre à soi »
au Shed - Maromme
2025/2026
Lauréate du programme « Une Chambre à Soi », Hermine Bouvier inaugure la Project Room avec une performance intitulée Les Poulettes : scénographie d'une inversion.
Dans cet ancien salon, lambrissé et parqueté, orné d’une cheminée et d’un miroir piqueté, elle introduit 5 poules, un épouvantail, 3 bottes de paille et un groupe d’inscrit·es à un atelier de modèle vivant. Pendant 2 heures et au rythme de vieilles chansons françaises, elle joue la
« cocotte ».
À travers le titre, le décor et la mise en espace de cette action, Hermine Bouvier évoque l’exploitation des « poulettes », terme d’argot employé au 19ème siècle pour désigner des femmes aux mœurs libres, modèles ou danseuses de cabaret comme Louise Weber dite la Goulue. L’épouvantail, quant à lui, pourrait être une métaphore de l’artiste – un homme – qui, à l'époque, tirait profit du corps des femmes, le transformant en objet de fascination et en source de revenu. Le voilà ici planté de guingois, à l’arrière-plan, accessoire anonyme et branlant de l’artiste metteuse en scène.
Ainsi, Hermine Bouvier « inverse » un rapport de pouvoir et le déplace sur un terrain qu’elle connait bien : la campagne. Issue du milieu agricole, elle fait du studio de l’artiste, littéralement, un poulailler et délègue à ses élèves l’exécution de son autoportrait. En reprenant à son compte des termes péjoratifs, elle affirme son autorité d’artiste et sa puissance de femme.
Comme souvent dans son travail, Hermine Bouvier procède par collage, accouplant avec une drôlerie mordante le monde agricole où elle a grandi et l’histoire de l’art où elle inscrit aujourd’hui sa pratique. Court-circuitant l’imagerie pastorale et ses protagonistes – fermiers et fermières, animaux d’élevage et meules de foin – et l’injectant dans des compositions classiques, elle construit des images surréalistes et terre-à-terre à la fois, comme on croiserait une carpe et un lapin pour obtenir la meilleure vache pondeuse : l’insémination est toujours artificielle.
